L'invisible

 Bonjour a toutes et à tous,

Je m’appelle Elisa, mais certains d’entre vous m’ont peut-être croisée sur Twitter où je m’appelais @Yogina.

Je suis l’invisible et je vais vous raconter pourquoi.

Mon harcèlement est en lien avec l’affaire Fact&Furious.

Ce que vous ne savez pas, c’est qu’il a commencé neuf mois avant la sortie de la vidéo d’Idriss Aberkane.


En avril 2022, je suis devenue la cible d’une femme qui n’acceptait pas une séparation.
Elle m’a traquée comme une espèce de bête à poursuivre et à abattre par n’importe quel moyen.

Sans relâche, jour après jour, mon quotidien a été scruté, épié sur les réseaux sociaux :
Mes commentaires, mes interactions, mes follows, mes collaborations pour mon travail d'écriture sur les dérives dans le milieu du Yoga, tout y est passé.


Elle créait des comptes, j’avais beau les bloquer, elle revenait inlassablement sous divers pseudos avec toujours le seul, et même objectif : me diffamer publiquement et me menacer de mort en messages privés.


Morceaux choisis :
“ Si ce n'est pas fait surveille tes arrières, ce n'est pas une menace, mais une promesse, je te laisse imaginer ce que je vais te faire. “
“ Je vais te retrouver te poursuivre de partout, tu vas le regretter. “
“ Je vais te faire du sale très sale. “ 


Ceci n'est qu'un infime extrait de ce que je devais encaisser quotidiennement.
De son côté, Antoine était en train d’essuyer une autre sorte de harcèlement que l’on peut nommer chantage affectif :
La promesse d'un “ Bouquet Final “ si celui-ci ne revient pas vivre dans son ex domicile.

Même si ce harcèlement a partiellement été supprimé par son auteure, il en reste encore de nombreuses traces.
Et voyez-vous quand on est harcelé, si aujourd’hui, on me demande où ça se trouve, je sais y répondre précisément et amener les gens jusqu'à ce harcèlement.
Ce harcèlement a continué jusqu'à la veille de la sortie de la vidéo d'Idriss Aberkane avec comme exemple la création du compte Twitter @YoginaLamerde. 


Novembre 2022


Idriss Aberkane décide de donner la parole en direct à l’ex femme d'Antoine qui se présente dans le rôle d’une victime présumée de violence conjugales.
Ce genre de témoignage n’est pas à prendre à la légère et pourtant Idriss s’en fiche, on l’a tous vu, il n’est pas là pour ça, il ne sait même pas comment écrire le prénom de la femme dont il est train de recueillir la parole.

Prendre en considération la parole de la femme oui, libérer les témoignages de VSS oui, libérer la parole des femmes victimes oui.
Bien sûr, je soutiens tout ça.
Par contre avant de prendre position de manière frénétique sur les réseaux sociaux, de commenter la vie des gens dont vous ne savez rien à coup de thread calomnieux, posez vous les bonnes questions.
Encore plus si vous êtes une figure médiatique qui se présente comme experte en complotisme et féministe.

Pourquoi ce témoignage n’a fait qu’une seule sortie dans la complosphère ?
À quoi sert ce témoignage ?
Où est ce témoignage aujourd'hui, qu’en reste il ?


Vos actions sur les réseaux sociaux peuvent tuer des gens.

La deuxième partie de mon harcèlement commencera donc ici.
Tout s’enchaîne rapidement, car désormais, ce sont des gros comptes de la complosphère
qui me traquent, me cherchent.
Tweet : Qui est Yogina ?
Tweet :  Qui est Yogina maîtresse d’Antoine Daoust ?


Des photos de mon visage circulent.
Pour la première fois, je commence à avoir réellement peur.
Je me rassure du mieux que je peux en me disant, ce n’est que Twitter, si je coupe, c’est terminé.
C’est ce que je croyais, mais ce n’est pas vrai !!
Ils sont venus dans ma vie, dans ma maison.
Durant cette même après-midi où j'étais en train de me rassurer du mieux que je le pouvais, une figure dangereuse de la sphère conspirationniste, connue pour avoir menacé de mort des journalistes, sortie de secte, emboîte la porte de mon logement et s’installe dans mon salon pour se livrer à un chantage autour de Fact&Furious.


Cette personne prendra le soin de photographier ma boîte aux lettres avec mon nom, mon prénom et le nom de mon entreprise.
Photo qui se retrouvera dans FranceSoir.
Je comprends très rapidement que mon adresse venait d’être doxxée et offerte comme un trophée à la sphère conspirationniste.
Le rythme continue de s'accélérer, je me cache dans un Airbnb une boule dans la gorge, je ne respire plus, mon adresse circulant dans je ne sais quelle sphère tortueuse et nauséabonde.
Outre le fait que ce soit mon chez-moi, mon logement était aussi mon lieu de travail, car dans la vraie vie, je suis créatrice de vêtements et costumière depuis 8 ans.
J'étais confortablement installée, un atelier de 80 m2 avec 100 m2 de logement mais désormais ce n’est plus possible.


A ce moment-là, j'ai peur.
Je me suis enfuie de ma maison, je ne peux plus travailler sur mes créations, je lâche la main de mes élèves à qui je donnais des cours de Yoga. Ma famille ne comprend pas ce qu’il se passe.
Je revois la détresse dans le regard de mon père : 

“ Es tu sûre au moins que son vrai prénom c’est Antoine "

En parallèle de ce harcèlement déjà beaucoup trop intense à gérer pour moi, je découvre un autre harcèlement.
Celui en stéréo qui offre une caisse de résonance au narratif des conspirationnistes.
Il vient de la sphère des expertes en complotisme et féministes.
Des threads et des threads entiers sur l’affaire, elles foncent dedans tambour battant, décidant de refaire l’histoire.
Et ça aussi, on peut le retrouver facilement, il est dans chaque recoins de l’affaire F&F sur Twitter et sur Mastodon.

Oh, elles vont vous dire que c’était de la mise en récit, pointer les angles morts de la communauté des debunkers.
Non, ce qu’elles ont fait, c’est profiter de cette histoire pour appuyer leur petite accusation de masculinisme crasse et contrer le plus rapidement possible le moindre commentaire de soutien que nous avions.


Elles ont agi comme des coucous
Connaissez-vous le coucou ?
C'est un oiseau qui pond dans le nid des autres.

L’une en train de refaire l’enquête judiciaire pour prouver que tous les hommes sont vraiment des salauds, l’autre pour prouver que les fact-checkers ne sont qu’un boysclub mascu.
Et tout est encore en ligne.


Tweets des expertes :

“ Selon les éléments que j’ai pu recueillir, elle avait transmis les informations sur les violences conjugales subies, y compris les menaces de mort de la part de Daoust. “

“ La manière dont la solidarité s’est construite autour d'AD colle aussi, à la stratégie de l'agresseur. “

“ Ivre, pour prouver qu’ Antoine Daoust est la vraie victime “ 


Moi, je ne connais pas ces expertes, qui sont-elles ? D'où sortent-elles ?
Et surtout, d’où se permettent-elles d’écrire des choses aussi violentes ?
Je suis à la fois choquée et violemment touchée parce qu’en plus, elles osent se dire féministes.
À ce moment-là, un journaliste de Libération écrit un article sur notre affaire pour dénoncer le plus rapidement possible le calvaire que nous étions en train de vivre, on était sans logement, un site de presse venait de tomber face au rouleau compresseur de la complosphère, et on était terrorisé.
Mais ça, les expertes en complotisme se gardent bien d’en parler, elles qui ont pourtant lu attentivement l’article puisqu’elles ont immédiatement tweeté à gogo histoire de le discréditer le plus rapidement possible.

Comme nos rares soutiens, le journaliste se retrouve publiquement accusé de protéger un homme violent.
Pire encore, étant un homme, il a forcément du mal faire son boulot.
Oui, c’est ce qui est dit publiquement.
Mais heureusement, il y en a une qui l’a fait, vous comprenez, c’est une experte qui a en sa possession des éléments imaginaires du dossier !!
Le travail d’un mec, parce qu’il est un mec, c’est forcément nul.
Elle, elle sait, elle a le dossier !!
On ne s’exprime pas sans savoir quand on est des expertes !
La même qui répondra “ Fluck off harceleur “ à un de nos soutiens.

Et pendant ce temps, l’autre compare publiquement Antoine à Bertrand Cantat.
Je suis restée abasourdie, abrutie, pourquoi cette violence ?

Le Boy’s Club Mascu
Le coucou venait de pondre son premier œuf, de faire sa première condamnation qui ne souffre d’aucune discussion.
Et pourtant, de nombreuses femmes ont plusieurs fois collaboré avec F&F, je fais également partie de ces femmes qui gravitent autour de la sphère debunking et pas que pour F&F.
Je réalise que mon invisibilisation n’est pas assez rassasiante, il faut également occulter toutes les femmes d’une communauté.
Ces femmes n’existent pas aux yeux des expertes, sûrement un angle mort.
À bout de souffle, en plein camping improvisé, car nous devons changer de logement régulièrement, j'apprends qu’une experte fait une conférence payante sur sa version de l’affaire, la nausée monte, le dégoût avec…
Il faut bien se créer une légende.
Ici un boys club mascu violent vient de naître, et elles vont alimenter ce narratif pendant des mois, et même encore maintenant, il suffit de chercher sur leurs comptes.


Toujours invisible, je suis à mon énième dépôt de plaintes, je ne travaille plus, ma santé ne me le permet plus et d’ailleurs, je n’ai plus d’atelier où travailler.
Ma vie est suspendue, fantomatique.
Mon médecin m’explique que je souffre d’un TSPT, un trouble du stress post-traumatique, mon cerveau est une passoire, je sursaute quand j’entends prononcer mon prénom.
Du côté de la complosphère, l’enquête sur “l’affaire Fact and Furious” continue, comme un mauvais feuilleton auquel on ajoute des épisodes, il faut à présent maintenir les promesses faites a une fan base complètement enragée…
Ils font des teasers, “ La suite de F&F arrive.“
Je suis publiquement comparée à une actrice pornographique, chasseuse de complotiste.
Je reçois des appels téléphoniques suspects me demandant des informations sur mon entreprise et ma vie personnelle.
Je tremble quand on part à la cellule Pharos avec un dossier de 200 pages de menaces de mort, de pendaison de guillotine, de pute, de maîtresse , de voleuse de mari.


Vous trouvez que c’est beaucoup ?

À ce moment-là, on est moins d’un mois après la sortie de la vidéo d’Aberkane.
Tout ça, c’est juste trois semaines de ma vie.
Comme si ma vie n’était pas assez en danger et n’ayant plus grand-chose à se mettre sous la dent, je suis devenue la suite de l’affaire F&F, et ils vont me doxxer.
Dans un article de blog complètement délirant, je retrouve le logo de ma marque de sous-vêtement à côté du logo de l’AFP et de Conspiracy Watch.
Mon nom, mon prénom, ma date de naissance, la profession de mes parents, la photo de ma boîte aux lettres, une capture d'écran de mon dossier de sécu, mon état-civil.
Dans une diarrhée explosive et misogyne, il est écrit que “ je suis intéressante à plusieurs titres. “

Et pour cause…

On a questionné mon voisinage pour savoir si j'étais en couple libre car évidemment comme j’ai une marque de sous-vêtement, je suis forcément libertine, et même, ils l’écrivent eux-mêmes, BDSM.
Je suis affichée comme une pute BDSM.
Et vénale, forcément.

J’apprends également que je ne suis pas professeure de Yoga parce que ces pseudo-enquêteurs n’ont pas retrouvé mon diplôme. Logique vu qu’ils n’ont pas cherché au bon endroit.
Et pourtant, c’était un de mes combats, de réformer au plus vite le métier de professeur de Yoga avec un seul et même diplôme reconnu par l'État, plutôt que de laisser des “ Yoga thérapeutes“ façon Denis Agret pulluler.
Je comprends aussi que comme je suis une femme, ce n’est pas moi qui ait écrits mes articles, mais des hommes certainement cachés derrière mes écrits.
On ajoutera même à cela que j’ai besoin de l’argent d'Antoine et de ses parents pour faire vivre ma marque de sous-vêtements.
Et pour confirmer que je suis bien une pute BDSM en lien avec le laboratoire Pfizer à l’affût de l’argent des hommes, incapable d’écrire mes articles, il y a une photo.
Une photo qui sera diffusée partout sur les réseaux sociaux.
Une photo volée sur le compte Instagram de ma marque et destinée à la vente d’un produit.
Maintenant, elle devient la preuve que je suis une pute, une bimbo siliconée, celle sur laquelle on dit publiquement :
“ Tiens je me branlerais bien dessus “

Mais ce n’est toujours pas suffisant.
Il en faut encore plus, la complosphère traque mes clientes histoires de les afficher publiquement, car comprenez vous, ils ont acheté des lingeries BDSM à une pute vénale et vendue au laboratoire Pfizer qui ne sait même pas écrire ses articles !!


L’année 2022 se termine ici, je suis devenue le fil d'ariane de l’histoire F&F.
C’est ce qui est balancé en un tweet.
Ensuite, déchaînez-vous tous sur elle.


Janvier 2023

Unité médico judiciaire de Toulouse
Je perds brutalement l'audition, ma maladie de Ménière s’enflamme, mes pieds ne touchent plus le sol, mon système vestibulaire est à la dérive.


J'ai flanché.


Je suis un fantôme, l'ombre de moi-même, livide, amaigrie, j’ai même honte de mon physique, je ressens un profond mal être, du vide.
J’annule ma participation aux REC, j’ai peur que l’on me reconnaisse et je suis incapable de m’exprimer autour d’une table ronde.
J’abandonne également une longue enquête qui m'avait demandé beaucoup de temps et qui avait pour but d’exposer dans la presse une école de yoga Kundalini en France où règne encore un prédateur sexuel, parce que je ne suis plus en état de recueillir la parole des victimes.
On écrit un thread avec Nendily pour faire tourner une cagnotte, les multiples déménagements et mon impossibilité, de travailler ont sérieusement entamé mes finances.
On en profite pour demander aux deux expertes qui avaient tant à dire sur l’affaire si elles ont quelque chose à ajouter.

Où sont les expertes en complotisme et féministes ?
Celles qui n'avaient jusqu’ici manqué aucun volet de l’affaire ?

Ah non, c’est vrai, je suis l’invisible.
Rien, pas un mot, malgré le fait qu’elles suivent l’affaire et que vient de sortir l’article le plus putassier et misogyne de FranceSoir, suivi de dizaines de commentaires dégueulasses.
Féministes vraiment ?


Je tombe sur un tweet des expertes :

“ Antoine ne semble pas avoir beaucoup de revenus alors que son ex bosse ….. À partir du moment où il commence à avoir un peu de notoriété, il se barre avec une autre meuf.“

Comment peut-on publiquement se permettre de refaire la vie des gens ainsi sans la connaître ?
Mais qui est cette experte au juste ? Ma sœur ? Un membre de ma famille ?
Depuis, régulièrement, elles y vont de leurs petits commentaires sur l’affaire.
Je n’en peux plus, il m’arrive souvent, avec le compte Twitter de ma marque, de tweeter en commentaire.
“ Stop arrêtez d’alimenter une histoire dont vous ne savez strictement rien, vous faites des dégâts. “
Parfois, je m'énerve.
Je n’en peux plus, je vais demander STOP en dm.
Pas de réponses, blocage.
Vous comprenez, le STOP, ce n'est que pour elles, pas pour “l’autre meuf”.


Encore une fois, je suis invisible, je reste dans leur angle mort, je suis carrément un angle mort d’ailleurs.
Qu’elles viennent me parler de harcèlement, qu’elles viennent parler de l’invisibilisation du travail des femmes.
Elles ne savent pas ce que c’est d’en être la victime et pire, elles y participent.
Je comprends aussi que nos soutiens deviennent des harceleurs à leurs yeux, “encore pire que des pros Hassad ou de l’extrême droite” d’après elles.
Oui, c’est ce qui est expliqué dans une conférence payante d’experte.

Le coucou venait de pondre son deuxième œuf.

Après avoir jeté l'opprobre sur lefact checkers en les condamnant à être des sales mascu misogynes qui se foutent des violences conjugales, désormais toute personne qui nous soutiendra sera un harceleur notoire embrigadé dans un backlash finement organisé pour leur nuire.
J’insiste, elles étaient au courant de mon existence, ce sont les interpellations au sujet de l’affaire qu’elles ont appelé “harcèlement”.
Et elles n’ont rien dit, jamais.
Il valait mieux que je sois invisible, surtout quand on se dit féministe et experte du harcèlement.
Et elles ne s’arrêteront pas, jusqu’à encore récemment où on continue à parler de notre histoire dans des conférences d'expertes payantes.

“ L’affaire Daoust moi, j’ai fouillé, j’ai vu du sale, du très sale hein “

Mais de quoi parle-t-elle ? C'est quoi ce sale ? Moi ??

Voilà mon histoire.
Pour la première fois, je peux parler.
Aujourd’hui mon harcèlement continue.
Nous n’avons pas cédé aux chantages alors, comme promis par lenvoyé de FranceSoir le jour où il était dans mon salon, une bataille judiciaire s’est engagée.
La photo de mon Instagram se retrouve à présent sur le bureau de la juge, pour prouver ô combien je suis une pute BDSM.
Non, vous ne rêvez pas, et oui, c'est ma vie.
Nous sommes mi-août.
Je viens d'apprendre que mon père souffre d'un deuxième cancer.
À ce jour Antoine ne fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire.
Je ne peux m'exprimer en son nom, mais viendra le temps où lui-même pourra libérer sa parole et remettre de l’ordre au milieu de toutes ces calomnies.


Je voudrais remercier

Mon amie Marie
Mon avocate Marine
Mes amis, ceux qui sont dans un petit groupe de soutien et qui ont su me maintenir la tête hors de l’eau sachez que je vous aime.
Reporter sans frontière qui m’a offert au moment le plus critique une aide psychologique
Les OPJ Femmes/Hommes qui ont su être à l'écoute en comprenant rapidement le fond de ce dossier.
J'en profite également pour chaleureusement embrasser Amélie, Magali, Karine.
On ne peut empêcher les gens de s’aimer.
NamastéElisa

* Pour voir les captures d'écran illustrant mes propos, vous pouvez regarder la vidéo en suivant ce lien :

https://www.youtube.com/watch?v=3njdKQz4spE&feature=youtu.be





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